A l’occasion du centenaire de la disparition de Gustave Eiffel, nous rendons hommage au génie visionnaire de l’ingénieur et entrepreneur, qui a laissé une empreinte durable dans notre histoire architecturale et technologique récente grâce à ses centaines de constructions métalliques dans le monde entier.
Selon l’ADGE (Association des Descendants de Gustave Eiffel), en 59 ans d’activité, Gustave Eiffel aurait construit plus de 500 ouvrages, dans 30 pays, sur les 5 continents !
Gustave Eiffel s’installe à son compte dès 1864 et crée son entreprise : Gustave Eiffel et Compagnie, basée à Levallois-Perret. Les spécialités des ateliers Eiffel : ponts et viaducs métalliques, piles en fer, charpentes en fer, phares et tourelles de port, matériel fixe de chemin de fer, grues et appareils de levage.
Charpentes métalliques
S’il s’est surtout illustré par ses constructions de ponts et viaducs dont les plus emblématiques sont les viaducs de Porto (Portugal) et du Garabit (France), Eiffel se révèle être un ingénieux constructeur de charpentes métalliques. Les plus connues sont la gare de Pest en Hongrie et la coupole de l’observatoire de Nice. Mais vous serez étonnés d’apprendre que certains lieux connus sont encore debout grâce aux charpentes Eiffel tels le palais Galliera ou encore le plus ancien cabaret parisien, le Paradis Latin. Les ateliers Eiffel ont aussi beaucoup exporté, et il resterait quelques constructions issues des ateliers Eiffel, jusqu’en Amérique du sud comme la Douane de Arica au Chili.
L’Armature de la Statue de la Liberté de New York
Construite en 1881 pour la statue dessinée par Auguste Bartholdi, cette ossature en fer est haute de 46 mètres. Elle figure parmi les créations les plus ingénieuses des ateliers Eiffel. Elle est littéralement conçue comme une pile de pont pour résister au vent, et doublée par une structure secondaire en treillis servant de support pour fixer les tôles en cuivre extérieures. En effet, elle a résisté à bien des tempêtes et ouragans qui ont balayé New York depuis 1886.
Tourelles de phares et phares métalliques
Activité plus surprenante de l’entreprise de Gustave Eiffel, les tourelles de phares et les phares en fer ! Selon les recherches de l’architecte estonien Indrek Laos, Gustave Eiffel aurait exploité à partir de 1868 un brevet commun avec un autre fabricant, Sautter, pour fabriquer d’ingénieuses tourelles de phares d’une hauteur de 6,40m. Selon Indrek Laos, 12 phares dotés de ces tourelles ont été installés sur les côtes françaises, dont 5 sont encore en fonction aujourd’hui. Avec le même fabricant, les ateliers Eiffel proposaient aussi une ossature métallique complète pour des phares pouvant atteindre une hauteur de 50 mètres. Selon l’ADGE, Ces phares ont été notamment installés au Brésil pour le feu d’Inhaca, en Finlande à Valassaaret (photo ci-dessous), en Estonie à DagenOrt et à Cadix en Espagne. Toujours une belle démonstration de l’ingéniosité des constructions de Gustave Eiffel très résistantes aux intempéries !
Ponts portatifs et démontables
Grand spécialiste des ponts et viaducs, Gustave Eiffel va plus loin encore et commercialise des ponts portatifs, montables et démontables rapidement, à partir de 1882. Le tout vendu en kit ! Peu chers, rapides à monter sans moyens colossaux, ces ponts portatifs s’exportent dans le monde entier, notamment pour développer à moindres frais des réseaux routiers ou ferrés et désenclaver des zones reculées. De tels ponts ont été utilisés en Italie, en Russie, au Vietnam, au Sénégal…
Fermettes de barrages
Lorsqu’il y a du fer en jeu, Gustave Eiffel n’est pas loin ! Ainsi le constructeur produisit également des dispositifs d’écluses ou barrages mobiles, appelés barrages à fermettes. De tels dispositifs ont été installés sur l’Yonne et la Seine, mais aussi sur la Moskova en Russie.
Gustave, l’inventeur créatif
Ingénieur dans l’âme et dépositaire acharné de brevets en tous genres, Gustave Eiffel n’eut de cesse, même lorsque sa carrière d’entrepreneur fut terminée, de continuer à réfléchir à des inventions et moyens de progresser technologiquement dans les domaines qui lui tenaient à cœur.
En 1890, Gustave Eiffel avait imaginé et breveté un système de pont sous-marin permettant de passer sous la Manche ! Le dessin original est visible sur le site de la Réunion des Musées Nationaux. Cela ne vous rappelle pas quelque chose ?
Autre passion de Gustave Eiffel : l’aérodynamique et plus tard, l’aviation. Dès 1907, Eiffel fait installer une soufflerie aérodynamique aux pieds de la tour Eiffel sur le Champ de Mars. Trop bruyante pour le voisinage, la soufflerie Eiffel déménage en 1912, rue Boileau dans le 16ème arrondissement. Celle-ci existe toujours ! Ces souffleries permettront de poser les bases de l’aérodynamisme moderne, pour les voitures comme pour les avions.
En 1917, en toute fin de 1ère guerre mondiale, Gustave Eiffel dépose même un brevet pour un avion de chasse, nommé Bréguet LE (LE pour Laboratoire Eiffel), avec le célèbre aviateur et industriel de l’aviation, Louis Bréguet. Le prototype de ce monoplan à aile basse vola en mars 1918, mais s’écrasa le même mois.
